Elles sont là depuis toujours, nous émerveillent, nous donnent des indications, parfois même, nous submergent… Nos émotions sont le moteur de nos vies.
Elles sont également le moteur de mon art. L’énergie qui se dégage de ce que je regarde m’amène à appuyer sur le déclencheur. Je suis à l’aise à photographier ce qui me touche et me fait me fait vibrer, lorsque je me sens connectée avec ce que mon oeil perçoit et ce que mon corps ressent. Voici, d’ailleurs, pourquoi il m’est si facile de faire du portrait ou du paysage, et si difficile de faire de la photo d’objet.
J’ai commencé la photographie avec mes premiers appareils jetables, dans l’enfance. Mon grand père maternel, fan de randonnées et passionné de nature, m’amenait à être touchée par ce qui m’entoure naturellement .A cette époque, je voyageai avec lui, ainsi que ma tante, pour découvrir les paysages diversifiés que nous offre la France.
Mes premières photos immortalisèrent les chaines montagneuses des Alpes. Je me rappelle encore des émotions que ces immenses paysages suscitaient. J’étais émerveillée, déjà à cet âge, devant la perfection de mère nature, tant de beauté à l’état brut ! En même temps que mon âme s’extasiait devant la qualité du paysage, mon corps ressentait la peur. Cette peur venait de ce que je ne maitrise pas, de mon obligation à m’incliner devant l’immensité des montagnes, devant le caractère massif de la pierre et l’indépendance des bouquetins croisés sur le chemin. Ces émotions me donnaient envie d’arrêter le temps, de me rappeler toute une vie de ce ressenti si spécial. Alors je sortais mon petit Kodak jetable, et CLIC, je prenais mes photographies spontanément, sans pouvoir vérifier le rendu sur un écran numérique.
Je me rappelle de l’excitation préalable à la récupération des tirages. Ces moments de découvertes me permettaient, plusieurs jours ou semaines après le shoot, de redécouvrir mes vacances. Certaines photos étaient floues, témoignant du mouvement de la vie, certaines ne montraient rien d’intéressant… et parmi tous ces tirages, quelques-unes sortaient du lot. Elles me touchaient le coeur par le témoignage fidèle et précis de l’instant immortalisé. Je retrouvai la beauté naturelle des paysages, version miniature, sur papier glacé. Pour ceux et celles qui ont connu ma chambre d’adolescente, vous rappelez-vous des quelques photos accrochées au dessus de mon lit ? Toujours des montagnes ou des couchers de soleil…
C’est à cela que sert la photographie : à rendre éternelle une émotion, un moment… à témoigner du temps qui passe, à réveiller les souvenirs… En quelque sorte, immortaliser la vie elle même.
J’ai longtemps voulu « calmer » les émotions intenses qui me traversent quotidiennement. J’ai souvent pensé que ce n’était pas normal d’être touché aussi profondément par les choses, images ou événements vécus. J’ai cherché à rationaliser mes pensées, à devenir plus « sage », moins « explosive », moins « sensible »..
Mais aujourd’hui, en cette période post- pleine lune, je confirme que mes émotions font intrinsèquement partie de ma singularité. La manière dont je perçois le monde participe à qui je suis. La façon dont je suis en interaction avec autrui comporte ses avantages et ses failles, mais c’est moi. Certains appelleront cela de ‘hypersensibilité… Certains ne se douteront même pas de mes ressentis et me penseront, au contraire, limite insensible… Mais puisque j’ai décidé de participer à faire sauter les cases, je vais juste affirmer que je suis moi.
Je ne cesserai de le dire, notre singularité est notre plus belle richesse. Si nous nous autorisons à vraiment regarder au fond de nos êtres, nous y découvrons l’essence de qui nous sommes, l’énergie unique qui nous indique notre chemin sur terre. Ecoutons nos intérieurs et autorisons-nous à vivre nos vérités.
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https://louiemedia.com/emotions/2019/10/22/peut-on-survivre-lhypersensibilit-
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